BEAUMONT EN ACTION

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Beaumont et ses traditions

Beaumont et ses traditions

Publié le 2016-08-01 | Le Nouvelliste

 

Le festival de l’eau de Mouline à Beaumont est prévu pour les 5, 6, 7 et 8 août en cours. Une opportunité pour cette commune de la Grand’Anse, en pleine expansion territoriale. Le Beaumontois Mérès Weche qui présentait, il y a une vingtaine d’années, l’émission Tradition et Société à la Télévision nationale d’Haïti, retourne à ses sources, après quelques années à Montréal. Le Nouvelliste fait le point avec lui sur cet événement culturel qui met en valeur les ressources historiques et patrimoniales de sa ville natale.

 

 

Claude Bernard Sérant Le Nouvelliste (L.N.) : Vous revenez de Montréal pour vous établir à Beaumont. Qu’est-ce qui bouge dans votre ville natale ?

Mérès Weche (M.W.) : Des tas de choses. En particulier des projets porteurs conçus par la nouvelle administration communale. L’engouement du moment, c’est le festival de l’eau de Mouline, une attraction sans précédent dans la région, et qui draine des gens de partout. On peut dire que l’édilité de Beaumont, ayant à sa tête le maire Faveur Alexis, a du pain sur la planche. C’est l’occasion pour lui de mettre en valeur les sites historiques et culturels de la commune, tels que : grottes, chutes d’eau, vestiges coloniaux non encore répertoriés par les institutions publiques concernées, ainsi que de nombreux patrimoines archéologiques éparpillés dans la région.

Le Nouvelliste (L.N.) : Vous parlez de patrimoines archéologiques. Beaumont a-t-elle plusieurs sites historiques ?

M.W. : Tout d’abord, faisons un bref rappel historique. Quand Beaumont fut élevée, en 1816, 4e section communale de Corail, sous le gouvernement d’Alexandre Pétion, elle portait le nom de Nouveau Plymouth, patronyme du combattant Plymouth, pris en embuscade et tué arme à la main dans les montagnes de la Hotte surplombant Beaumont. Nous comptons cette année commémorer ces 200 ans d’histoire. Pour répondre plus en profondeur à votre question, nous avons repéré plusieurs sites historiques, comme par exemple les ruines de l’habitation de Beaumont qui gérait une indigoterie à l’endroit connu aujourd’hui sous le nom de Digoterie, ainsi que celles de la caféterie de Bélance où existe encore un captage d’eau remontant à l’époque coloniale.

L.N. : De cette époque coloniale, Beaumont a donc hérité de quelques vestiges culturels ?

M.W. : Absolument. Il faudrait parler de valeurs patrimoniales en général, c’est-à-dire de ressources à la fois humaines, naturelles, historiques, spirituelles et socioculturelles. Tout d’abord, en termes de conservation des us et coutumes, Beaumont reste et demeure le seul lieu dans le Grand Sud – à part Dekouze dans le Sud-Est – où des paysans pratiquent les principales danses européennes de l’époque coloniale telles que la polka, le menuet et la contre-danse, animées à l’accordéon et indispensables dans les cérémonies vaudoues.

L.N. : Vous citez des danses européennes que Beaumont garde encore. Vous semblez oublier le rara légué par les premiers habitants de l’île.

M.W. : Ah oui, le rara. Parlons-en. Le rara de Beaumont est réputé pour ses sambas, dont le fameux Silius, de regrettée mémoire, qui a doté le répertoire de la musique populaire haïtienne de sa plus belle chanson : Anba wozo. Cette composition fut une boutade contre une femme de Beaumont qui trompa son mari avec un homme de Roseaux, ville située en contrebas de Beaumont, dans la région de Jérémie. Une vieille thèse, non assise sur des faits réels, associe cette chanson à La Gonâve, mais la toponymie même du texte le restitue à Beaumont. Lòlò de Boukman Eksperyans et Kessy de Koudjay en savent long pour s’être déjà ressourcés auprès des sambas de Beaumont. Le festival de l’eau de Beaumont

L.N. : Venons-en aux ressources naturelles ?

M.W. : Sur le plan des ressources naturelles, ainsi que d’autres valeurs ajoutées, il y a les chutes de Mouline et une grotte très profonde qui sont l’objet annuellement d’un « festival de l’eau », qui se tiendra les 5, 6 et 7 août courant. Mon regretté confrère, le poète et journaliste Jacques Roche, au cours d’un séjour dans ma ville natale, s’en régalait et en avait fait un superbe article dans Le Matin. Bientôt, en ce lieu, un rocher portera son nom.

L.N. : Merveilleuse idée ! une idée pour perpétuer la mémoire de ce poète martyr. Samedi dernier, à l’hôtel Mariott où j’ai assisté à une réunion sur Beaumont avec vous Weche, le diplomate canadien Michel Taché, le maire de Beaumont, Faveur Alexis, et l’ingénieur Jean Joreste Meilleur, vous avez discuté de plusieurs projets de développement….

M.W. : Oui. C’est bien pour cela qu’on s’était réunis, et j’en profite pour présenter mes vifs remerciements au Nouvelliste qui fait toujours écho de nos démarches artistiques et culturelles. Qu’on songe au mini-récital donné par Wooly Saint-Louis en présence de Michel Taché.

L.N. : Bien sûr ! les chansons françaises de Jacques Brel, de Léo Ferré, de Georges Brassens entre autres que vous avez adaptées en créole. Mais c’est un projet tombé à l’eau…

M.W. : Oh non ! C’est un projet toujours en cours. Attendons voir.

L.N. : Revenons à nos moutons.

M.W. : On parlait de projets. Le maire Faveur Alexis et ses assesseurs sont très ouverts aux nouveautés et sont animés de bonne volonté. Ils ont conçu de superbes projets de développement durable et d’aménagement du territoire, tels : le bétonnage des principales rues de la ville ; la mise en chantier d’une place publique ; l’amélioration de la distribution d’eau potable existante à laquelle s’ajoutera une nouvelle adduction, sans oublier le plan d’un nouveau marché public et le percement de routes agricoles dans les habitations et sections communales.

L.N. : Et le Canada dans ces projets ?

M.W. : Savez-vous qu’il existe 62 villes qui portent le nom de Beaumont dans le monde, dont deux au Canada ?... Beaumont Québec, près de Lévy, m’a accueilli en Beaumontois, et celui d’Alberta, dans la région d’Edmonton, dotera sa ville-sœur d’Haïti d’une bibliothèque. D’heureuses perspectives pour les deux villes bientôt jumelées, grâce à des programmes de coopération dont la plupart ont été débattus au cours de la réunion à l’hôtel Marriott.


14/09/2020
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